mardi 11 avril 2017

Interview de Valérie Labrousse



Vive Valérie Labrousse, la première journaliste qui a eu le courage de dénoncer l'ignominie et les turpitudes du système des tutelles et honte à tous ses détracteurs, avocats, tuteurs, juristes qui vivent sur le dos des ' protégés ' !



En France, près d’un million de personnes majeures vivent sous protection juridique. Et nombre d’entre elles seraient abusées par ce système, révèle Valérie Labrousse. Dans "Les dépossédés", la journaliste dénonce un système mafieux dans lequel sont impliqués l’Etat et les institutions. Un véritable brûlot nourri de cinq ans d’enquête.
Planet : Quelles différences notez-vous entre ce qu’est en théorie la protection juridique et ce qui se passe en réalité ?
Valérie Labrousse* : "La protection juridique est, comme son nom l’indique, censée protéger les gens et leurs biens. En réalité, elle est au mieux devenue une gestion grossière parfois ponctuée d’erreurs plus ou moins graves (oubli de payer l’électricité ou les impôts de la personne sous tutelle, etc), au pire une spoliation des biens de la personne et une maltraitance de cette dernière (isolement, oublie de lui donner de l’argent pour s’acheter de la nourriture, etc). En d’autres termes, en réalité et dans de nombreux cas, il y a une inversion totale du principe de protection.

Planet : Savez-vous combien de personnes en France sont victimes de tels abus ?
Valérie Labrousse : C’est très difficile à dire. Il me faudrait 30 ans de travail pour le savoir ! Je sais en revanche que près d’un million de personnes majeures vivent sous protection juridique et que depuis la sortie de mon livre il y a environ trois semaines, je reçois énormément de témoignages et d’appels à l’aide de personnes qui en sont victimes. Et à chaque fois, c’est toujours la même histoire, le même scenario. Ce qui montre bien que, contrairement à ce que mes détracteurs peuvent dire, c’est un vrai phénomène.

Planet : Quel est ce scenario ?
Valérie Labrousse : On retrouve toujours les mêmes mécanismes de connivences entre les affaires sociales, la justice et la médecine. Ce sont des mécanismes silencieux, d’omerta et dignes de ceux utilisés par les mafieux. En effet, même quand les faits sont flagrants et que les victimes réussissent à porter leur affaire en justice, rien n’est fait car tous les acteurs qui sont en face d’elles sont liés entre eux. Aussi, les victimes se retrouvent bien souvent seules. Ce qui peut avoir des conséquences très graves. Certaines personnes en meurent très lentement.

Planet : Vous avez rencontré plusieurs victimes de ce type de situation pour écrire votre livre. Y en-a-t-il une qui vous a particulièrement touchée ?
Valérie Labrousse : En tant que journaliste, c’est difficile à dire car toutes présentaient un intérêt particulier à mes yeux. Mais en tant que citoyenne, c’est sans doute Jacqueline qui m’a le plus émue par ce qu’elle dégageait. Cette femme a tout eu dans ce que la protection juridique fait de pire. Elle est ce que j’appelle une "hyper victime" : elle a réussi à porter son affaire en justice mais au final cette dernière lui a dit 'circulez y’a rien à voir'. Son affaire a été classée, c’était la pire claque que l’on pouvait donner à cette femme, la pire trahison que l’on pouvait lui faire. Imaginez tout le travail que cette personne isolée avait accompli en amont pour en arriver là ! Il lui a d’abord fallu récolter des preuves, ensuite trouver un avocat et enfin convaincre son tuteur de bien vouloir débloquer de l’argent pour payer cet avocat. Une tâche d’autant plus difficile que tout dépend du tuteur et que c’est souvent son travail que la victime veut pointer. Aussi, il n’accepte pas facilement de l’aider dans ses démarches…

Planet : Aux termes de vos 5 années d’enquête, avez-vous entrevu quelques pistes de solutions pour éviter de telles situations ?
Valérie Labrousse : Il n’y a malheureusement pas vraiment de solution… Cependant, je dis souvent aux gens qui me contactent qu’ils devraient se regrouper et créer des collectifs. Mais dans la pratique, c’est difficile car il y a un manque cruel de solidarité. L’individualisme prévaut et est même renforcé par ce système mafieux qui isole les personnes. C’est un peu l’histoire du serpent qui se mange la queue ! D’ailleurs la mafia qui en est à la tête l’a très bien compris. Encore une fois, elle se sert du manque de solidarité qu’il y a entre les gens.

Au départ, il y a souvent une personne seule, handicapée ou vielle. Dans son entourage, personne ne veut s’en occuper. Et même quand un membre de la fratrie veut bien s’en charger, il est aussitôt taxé par les autres d’avoir de mauvaises intentions, de vouloir profiter de la situation. Aussi, bien souvent ces gens font appel à un juge des tutelles. Si celui-ci se rend compte que les proches de la personne ne sont pas soudés alors il s’engouffre dans la brèche et décide d’un placement sous tutelle extérieure. A partir de ce moment-là, c’est foutu, tout échappe à la personne.


Mais tout ceci pourrait, selon moi, être évité si les gens s’entendaient mieux, s’ils regardaient leurs parents autrement que comme des patrimoines sur pattes, s’ils avaient une meilleur conscience des rapports humains et s’ils arrêtaient d’être motivés par l’appât du gain".
*Valérie Labrousse est l’auteur des Dépossédés, enquête sur la mafia des tutelles (ed. Du Moment)

10 commentaires:

  1. D'après mon calcul, vu le nombre de pupilles en France autour de 1 million et de 100'000 Euros qu'en tirent les autorités de curatelle, le racket atteint 10 puissance 6 fois 10 puissance 5, soit 10 puissance 11, c'est-à-dire 100 milliards. Que faire?

    RépondreSupprimer
  2. Il y a environ 62 000 euros de soi-disants passés aux remboursements de l'aide sociales à l'ehpad de ma mère, alors que la donation a eu lieu il y a plus de dix ans...en 2 005 ...donc non-récupérables ...alors je fais quoi là ???

    RépondreSupprimer
  3. Alors il faudrait monter une association regroupant tous les témoignages omme le suggère Mme Valérie Labrousse

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je recherche a monter un groupe.
      Capucine.

      Supprimer
    2. Bonjour, témoin directe et impuissante, d'abus tutélaires sur la personne de mon frère handicapé, je suis intéressée par votre projet de créer un groupe, où en êtes vous ?

      Supprimer
    3. Voir ici: https://www.facebook.com/profile.php?id=100008781484153 bonne chance. En fait, j'en profite pour mentionner le fort lien entre le Crédit Suisse (Grounding récemment avec 88 milliards déboursés en 2 jours) avec Philip Morris dont les impôts paient une partie de l'AVS / AI, et ici encore dont une partie est prélevée par des curateurs-avocats & Co. via la 'protection'. Alors là, je me demande si on leur priverait d'une manne sinon bien biberonnée (?) re-bonne chance.

      Supprimer
  4. Bonjour à Vous,
    Il faut (je n'emploie pas le conditionnel) être solidaire de nos proches fragilisés. Créer un collectif, oui mais avant tout se faire entendre par de la ténacité et se convaincre qu'aider un proche génère de la gêne de la part des institutions et associations de tutelle et même des magistrats. L'abus de pouvoir est leurs armes ultimes. Notre pouvoir à nous, aidants, proches et amis de personnes vulnérables, malades ou handicapées et aussi âgées, c'est notre combat à faire entendre les droits de la personne. C'est épuisant, néanmoins cette énergie est primordiale face à ce fléau d'injustice. Patricya

    RépondreSupprimer
  5. La justice n'a pas à protéger, voir ce qu'en dit le célèbre Hans KELSEN, il n'existe aucune définition de l'incapacité ...incapable de quoi? Il est urgent d'enseigner la science juridique à la jeunesse, car il existe beaucoup de subjectivité dans notre code civil, car inspiré par le droit romain, ces empereurs qui ont inventé la crucifixion

    RépondreSupprimer
  6. Bonjour Je partage entièrement ce que est écrit par Valérie Labrousse pour être moi-même un ancien tuteur de mon papa et que l'on m'a enlevé pour dysfonction familiale la juge n'a pas le temps de s'attarder sur ce qui est bien ou mal pour mon papa et aujourd'hui nous sommes avec une association qui a doublé les dépenses et qui ne contrôle rien qui paye sur facture pour l'avoir signalé à la juge rien n'y fait c'est vraiment l'omerta quand on me disait que les loups se mangent pas entre eux c'est véridique pauvre France en espérant que un jour ces gens retrouvent ce qu'ils ont semé plus tard pour eux-mêmes je leur souhaite de tout mon cœur encore félicitations à Valérie Labrousse.

    RépondreSupprimer
  7. Ma tante a été placé en epahd par la tutrice alors que durant sa vie elle s est occupée de sa mère et sa sœur pour ne pas qu elle soit placées.

    RépondreSupprimer

Pseudo :

Mail ou phone :