dimanche 22 avril 2018

A 93 ans elle explique comment elle s'est fait dépouiller par son tuteur


  A  93 ans  elle  raconte , dans son autobiographie  comment un curateur l'a dépouillée de ses biens


Source  générations.pus.ch
Je n'ai pas envie d'atteindre 100 ans"
Le magazine L'illustré a rendu visite à Rita Rosenstiel il y a quelques jours. L'interview rappelle que la décision de placement à des fins d’assistance (PLAFA) la concernant avait été annulée par la justice et que sa plainte lui avait valu de recevoir une somme de 20 000 francs à titre de dédommagement. «J’ai gagné, mais cela me sert à quoi? Mes souvenirs ont disparu. Je suis toujours ici et ce n’est pas à 93 ans qu’on va me trouver le studio protégé que je souhaitais. Je n’ai en tout cas pas envie d’atteindre 100 ans, croyez-moi. Il ne me reste plus qu’à attendre et souhaiter la fin d’une vie devenue difficile et humiliante.»



Placement à des fins d'assistance (art. 426 à 439 CC)
"Le placement à des fins d’assistance (PLAFA) est une mesure de protection qui permet de placer ou de retenir une personne, contre sa volonté, dans une institution appropriée (hôpital, foyer ou EMS psychiatrique généralement).

Le PLAFA a pour but de protéger la personne, si nécessaire contre elle-même, et de lui fournir l’aide et les soins dont elle a besoin. Son but est de faire en sorte que la personne puisse retrouver son autonomie.

Seules les personnes atteintes de troubles psychiques (ce qui inclut les dépendances : alcool, toxicomanie), de déficience mentale ou en grave état d’abandon, et qu’il n’est pas possible de secourir ou de soigner autrement, peuvent être placées en foyer ou en hôpital contre leur gré. Elles doivent être libérées dès que les conditions du placement ne sont plus remplies.

Cette mesure peut être prononcée par l’autorité de protection (justice de paix) ou les médecins. Lorsqu’elle est prononcée par un médecin, elle a une durée limitée à six semaines."

Source: vd.ch

 *Le pdf du livre "Pourquoi" peut-être commandé gratuitement par mail à Michèle Herzog, auteure du blog Egalité des citoyens face aux lois


Placée en EMS, dépouillée de ses affaires en une vingtaine de jours par son curateur, l'histoire de Rosa Rosenstiel a ému l'opinion publique il y a quatre ans. Toujours révoltée, elle vient d'écrire son autobiographie, qu'elle distribue gratuitement aux personnes intéressées. En voici quelques extraits.

L'histoire de Rita Rosenstiel, fille d’un riche homme d’affaires de Zurich, qui de femme d'affaires est devenue mécène de musciens et peintres, avait ému l'opinion publique romande il y a quatre ans. Articles de presse et un Temps présent (8.01.2015) sur les placements forcés à des fins d'assistance (PLAFA) avaient largement relaté le destin de la nonagénaire, héritière de l'entreprise de son père, qui avait vendu ses actions  pour s’acheter une villa au bord du lac à Lutry (VD) et y organiser des évènements artistiques et faire du mécénat dans le domaine de la peinture et de la musique.



Toujours révolté, elle a écrit son autobiographie au titre évocateur "Pourquoi"*,  qu'elle distribue depuis quelques mois à tous ceux qui l'ont soutenue, et à tous ceux qui souhaitent lire son histoire (et dont une version pdf* est également disponible). Un petit livre passionnant, par l'histoire de cette femme qui a eu une vie riche, cotoyé nombre d'artistes, après une enfance moins drôle – un livre touchant aussi.




C'est en janvier 2014 que l'alerte nonagénaire avait été placée contre sa volonté dans un EMS à Morges. Une mesure étatique à des fins d’assistance imposée lorsqu'on estime que la vie seule représente un danger pour la personne concernée. En 20 jours, elle a ainsi été placée et dépouillée de ses biens.

 Le jour où tout bascula
Rita Rosenstiel se rappelle très bien du moment où sa vie a basculée, lors de la visite d'une assistante sociale, comme elle le raconte dans son livre, qu'elle a d'ailleurs écrit et mis en page toute seule sur son ordinateur - preuve, s'il en fallait, qu'elle a encore toute sa tête, malgré de petits problèmes de mémoire dûs à l'âge. En voici un extrait et d'autres morceaux choisis significatifs:



"Puis, un jour, en consultant/triant mes papiers avec cette assistante, elle me demanda de chercher un document se trouvant dans la chambre à côté. En le lui apportant, je trébuchais – sans pourtant tomber, puisque j’ai toujours une réaction rapide. Mais cette dame cria que cela ne va plus comme ça, je ne pouvais plus vivre seule, c’était «trop dangereux» etc. etc. En outre, quelques jours avant j’avais créé une petite «inondation» dans la cuisine. En lavant ma vaisselle, j’attendais un appel de la part de mon frère, qui avait été transféré dans un hôpital et lorsque le télephone sonna, j’y courrais pour répondre – sans fermer le robinet correctement. Ainsi, l’eau a coulé sur le sol et pénétré sur le plafond du locataire en dessous. (La réparation de ce dégat a ensuite été payée par mon assurance – et le locataire – enchanté – avait un plafond neuf...) En plus, une plaque de mon four ne fonctionnait pas et j’attendais toujours sa réparation réclamée – en vain – auprès du gérant de l’immeuble. Par la suite, et « grâce » aux déclarations de cette assistante, j’ai dû passer un examen psychiatrique qui précisait que j’étais atteinte d’une «déficience mentale» et de «troubles psychiques» et on m’imposa un curateur, qui devait s’occuper de « ma sécurité et de mes biens » – et m’aider à trouver un lieu de retraite «à ma convenance»."

 Deux heures pour prendre ses affaires
La suite, ce fut son placement forcé peu avant ses 90 ans – emmenée à l'improviste par le curateur, lui ayant laissé que deux heures pour choisir ce qu'elle emporterait – dépouillée de ses affaires par le même curateur qui en vendit une partie et brûla (!) le reste de ses souvenirs, tout comme son courrier:

"Quelques jours après, le curateur revenait chez moi, sans rendez-vous, tôt le matin – accompagné par son épouse – m’annonçant qu’il avait obtenu une place pour moi dans cet EMS et que je devais ramasser les habits et objets que je désirais y emporter, puisqu’il fallait que j’y entre tout de suite. Assez confuse – et pensant qu’il faut «obéir» au curateur – je remplissais une petite valise à roulettes avec les choses les plus nécessaires, supposant pouvoir chercher le reste – ou en disposer – plus tard, d’autant plus que mon loyer était payé jusqu’à la fin du mois – et il y avait un dépôt de garantie de 2 mois à la banque. Puis – en me laissant tirer cette valise moi-même – il m’emmena dans cet EMS, situé au centre de la ville. Mais au milieu de la route il s’arrêta, me demandant de lui remettre les clefs de mon appartement, ainsi que les cartes de crédit de ma Banque et de MANOR. En outre j’ai dû lui montrer le contenu de mon porte-monnaie. Il y avait un peu de monnaie et env. Fr. 250.– en billets. Il prit tout, sans me donner une quittance et, en déclarant que je n’en aurais plus besoin, il me laissa alors entrer dans cet EMS, sans un sou en poche."



Effets personnels et souvenirs brûlés
"Ainsi, avec un mépris total de ma personne, il a fait brûler tout mon ménage y compris mes habits et mes effets personnels, albums de photos (enfance, voyages, travail), toute ma correspondance, toute ma bibliothèque d’env. 1000 livres – dont quelques-uns très précieux et dédicacés par les auteurs – tous mes disques, CDs et cassettes (enrégistrements de concerts organisés par moi même), articles de presse concernant mes activités etc. etc. Bref, il a détruit tout mon passé."

 Je n'ai pas envie d'atteindre 100 ans"
Le magazine L'illustré a rendu visite à Rita Rosenstiel il y a quelques jours. L'interview rappelle que la décision de placement à des fins d’assistance (PLAFA) la concernant avait été annulée par la justice et que sa plainte lui avait valu de recevoir une somme de 20 000 francs à titre de dédommagement. «J’ai gagné, mais cela me sert à quoi? Mes souvenirs ont disparu. Je suis toujours ici et ce n’est pas à 93 ans qu’on va me trouver le studio protégé que je souhaitais. Je n’ai en tout cas pas envie d’atteindre 100 ans, croyez-moi. Il ne me reste plus qu’à attendre et souhaiter la fin d’une vie devenue difficile et humiliante.»



Placement à des fins d'assistance (art. 426 à 439 CC)
"Le placement à des fins d’assistance (PLAFA) est une mesure de protection qui permet de placer ou de retenir une personne, contre sa volonté, dans une institution appropriée (hôpital, foyer ou EMS psychiatrique généralement).

Le PLAFA a pour but de protéger la personne, si nécessaire contre elle-même, et de lui fournir l’aide et les soins dont elle a besoin. Son but est de faire en sorte que la personne puisse retrouver son autonomie.

Seules les personnes atteintes de troubles psychiques (ce qui inclut les dépendances : alcool, toxicomanie), de déficience mentale ou en grave état d’abandon, et qu’il n’est pas possible de secourir ou de soigner autrement, peuvent être placées en foyer ou en hôpital contre leur gré. Elles doivent être libérées dès que les conditions du placement ne sont plus remplies.

Cette mesure peut être prononcée par l’autorité de protection (justice de paix) ou les médecins. Lorsqu’elle est prononcée par un médecin, elle a une durée limitée à six semaines."

Source: vd.ch

 *Le pdf du livre "Pourquoi" peut-être commandé gratuitement par mail à Michèle Herzog, auteure du blog Egalité des citoyens face aux lois

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